Simple dit " oh, oh, vilain mot " quand Kléber, son frère, jure et peste.
Il dit " j'aime personne, ici " quand il n'aime personne, ici. Il sait compter à toute vitesse : 7, 9, 12, B, mille, cent. Il joue avec des Playmobil, et les beaud'hommes cachés dans les téphélones, les réveils et les feux rouges. Il a trois ans et vingt-deux ans. Vingt-deux d'âge civil. Trois d'âge mental. Kléber, lui, est en terminale, il est très très courageux et très très fatigué de s'occuper de Simple.
Simple a un autre ami que son frère. C'est Monsieur Pinpin, un lapin en peluche. Monsieur Pinpin est son allié, à la vie à la mort. Il va tuer Malicroix, l'institution pour débiles où le père de Simple a voulu l'enfermer, où Simple a failli mourir de chagrin. Monsieur Pinpin, dans ces cas-là, il pète la gueule. Rien n'est simple, non, dans la vie de Simple et Kléber. Mais le jour où Kléber a l'idée d'habiter en colocation avec des étudiants, trois garçons et une fille, pour sauver Simple de Malicroix, alors là, tout devient compliqué.
Déjà conquise par Oh Boy! de Marie-Aude Murail, je ne m'attendais qu'à une chose avec Simple : un grand moment d'émotion. Et cela n'a pas loupé.
Simple c'est juste un condensé d'émotions en seulement 200 pages, où l'on passe du sourire à la larme à l'oeil d'une page à l'autre sans jamais tomber dans le mélo ni le tragique.
Simple c'est le quotidien d'un jeune garçon (Kleber) de 17 ans qui prends en charge son frère de 22 ans (Simple), handicapé mental, qui en a 3 dans la tête, parce qu'il ne supporte pas de le voir enfermé dans un institut médical si peu adapté.
Simple c'est la tolérance, l'entraide, l'amour fraternel.
Simple c'est la rencontre avec des personnages tous différents les uns des autres, mais qui se cherchent, se découvrent, se trouvent.
Simple c'est des petites phrases qui restent accrochées après que la dernière page se tournent (qui ne sait pas mentalement dit "oh oh vilain mot" lorsqu'il entend un gros mot ?).
Simple c'est les mots juste trouvés par Marie-Aude Murail pour décrire des situations fortes ou anodines, pour faire évoluer ensemble une ribambelle de personnages en si peu de pages, pour faire passer des sentiments si difficile à exprimer parfois dans la vraie vie.
Simple c'est juste le livre qui donne envie de découvrir l'oeuvre de l'auteur tout entière pour y dénicher d'autres pépites de ce genre.
"Joyeux Quasitonbrouk !
Y a pas de Beaud'homme
1, 2, 3, 4, B, 12
Oh oh vilain mot !"
Editions L'école des loisirs
206 pages